Le projet La Colline du diable d’Elsa Fauconnet explore Teufelsberg, une montagne artificielle érigée dans le Berlin d’après-guerre, à partir des gravats de la capitale détruite. Une entreprise destinée à recou- vrir l’université militaire nazie conçue par l’architecte Albert Speer. Au sommet, une antenne d’espionnage américaine, aujourd’hui abandon- née, symbolise l’époque de la guerre froide. Depuis, les projets avortés se sont succédé : piste de ski, complexe hôtelier, école de méditation transcendantale fondée par David Lynch… Désormais, la colline est un parc d’agrément dont la charge historique tend à s’estomper dans la mémoire des riverains. L’installation d’Elsa Fauconnet, constituée d’une maquette, de gravures et d’un film, retrace l’archéologie refoulée de ce territoire à travers les témoignages de ses habitants. Teufelsberg est un lieu où la mé- moire et l’oubli s’entremêlent, un territoire où les récits et les époques se replient les uns sur les autres et se télescopent. En mélangeant fragments du réel, témoignages, fiction et reconstitutions virtuelles, Elsa Fauconnet conçoit l’Histoire comme une structure fragmentée et lacunaire. L’imaginaire, ici, est l’outil qui exhume le refoulé historique enfoui par les habitants du lieu. La colline de Teufelsberg incarne le trou noir mémoriel de l’Heimat allemand.
La Colline du Diable – Film : 20 min, HD, format 16/9, 2012.