Melencolia

Désormais      [ Désordre Mais ]

Je sais       [ Jeu c’est ]

Que les      [ Gueuler ]

Fantômes n’ont pas     [ nos pas ]

Toujours la timidité de Casper.

 

 

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Une nuit une petite chose advenue du rien, se mit en place silencieusement.

Alors que les températures étaient anormalement fraîches. Alors que le bitume retenait encore l’humidité. Que les habitants se résignaient du printemps gâché. Dans la fatigue et l’attente l’on vit une tache se déplacer plus rapidement que les chats qui guettaient le coin des rues.

C’était trois fois rien. Un rayon blanc.

Mais depuis et pour la première fois, elle prit un autre chemin pour se rendre à son lieux de travail. Elle prit un autre chemin et ce fut un détour.

Mais cela, elle le réalisa des mois plus tard. Et c’était non sans mélancolie.

Est ce que tout avait commencé cette nuit là ? Était-ce quelques siècles auparavant ?

Les choses s’étaient peut-être englouties et la matière avait simplement fini par transpirer quand l’hiver avait cessé ?

Toutes ces questions ne faisaient pas encore partie de ses considérations.

Ils partirent donc tous les trois s’étendre sous les étoiles. Dérouler leurs corps sur le sol mou d’une aire de jeu d’enfants.

Depuis des mois ça tournait en rond. La pierre plus grise. Le ciel qui la reflétait. Les habitudes acquises. Les odeurs de ville aux sommets. Les trains qu’il faudrait un peu moins prendre.

Puis entre le parquet et la tige des rideaux se glissa une histoire de champs enneigés et d’attente.

Se glisser jusqu’au point où tous les angles se rapprochent.

Elle estima que la position la plus adéquate pour revenir sur les lieux était celle du félin qui rode sur les rochers en béton d’une cage d’un parc zoologique. Aller. Revenir. Aller. Revenir. Jusqu’à l’inertie amnésique du regard.

Cela devait suffire amplement. Et chaque geste se substituerait à l’ennui.

Le programme était plutôt vaste. Réinventer des figures géométriques. Agencer des formes colorées de pâte à modeler. Une histoire de flocon de neige et d’avions qui construisent les boucles du ciel.

Enfin et surtout, l’éternel renoncement des hommes à parler avec les dieux.

Peut-être est-ce une question de formes et de fascination?

 

A ce sujet elle écrivit une lettre à son ami arpenteur :

Cher Arthur,

Au tout début de notre jeunesse, dans ces moments où il était tellement plus habile de détruire des morceaux de plastique colorés, mon ami l’historien préférait s’asseoir à une table et inlassablement plier, déplier des feuilles pour qu’elles proposent plusieurs combinaisons de formes.

Ainsi composait-il un répertoire de structures qui organisent le monde alors que sous notre voûte buccale, nous savourions un irrésistible désordre.

Mais bien plus tard, il fallut attendre des années, pour qu’ à des images, ma main vienne répéter de multiples agencements. 

J’ai ainsi découvert la face cachée des formes grâce à la pensée origamique : le polyèdre contient plus que ce qu’il donne à voir. Au delà des faces qui se répètent pour le construire. Il contient aussi une toute autre forme, invisible dans un premier temps, qui est celle de son patron initial une fois sa structure dépliée.

Il existe donc une mémoire des formes.

Cette mémoire peut-être le rectangle d’une feuille A4.
L’embrasure de la fenêtre.
Le quadrillage d’un espace qui permet aux peintres de reproduire une image du monde.
Une grille que les anciens traçaient au sol pour y lire l’avenir selon le déplacement des oiseaux dans le ciel…

Jeux des devins : DIVIN-AcTION. 

NB : Je voulais ajouter que pour le moment la science sait créer en laboratoire des flocons de neige artificiels. Cependant la science ne sait toujours pas expliquer pourquoi dans le chaos du froid et des vents pluvieux, à un moment donné, il se forme, un bref instant, des structures fractales géométriques parfaites… Un japonais pourrait certainement se demander : les flocons de neige sont-ils une lettre qui nous est adressée du ciel ?

Bien à toi. Ton amie. Elsa Folleconnaît.